Des camions espagnols, lituaniens ou polonais interceptés par les motards de la gendarmerie sur l’autoroute et conduits sous bonne escorte sur le parking de l’aire de repos Saran-Gidy, de l’A10.
En ce jeudi après-midi, ce n’est pas un banal contrôle routier qui se déroule sous l’œil des derniers vacanciers du mois d’août. Au bleu des militaires, s’ajoutent les gilets orange des agents de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal).
Plus de 780 contrôles l’an passé
Temps de conduite, autorisation de chargement et de déchargement, marchandise transportée, normes antipollution : ce service de l’État a, entre autres, pour mission de vérifier l’activité des transporteurs routiers. Ceux qui sont installés dans la région. Mais aussi ceux qui ne font que la traverser.
« En Centre-Val de Loire, nous avons d’importants axes routiers qui permettent de relier le nord au sud de l’Europe. Ces contrôles ont un double but : garantir la sécurité routière et lutter contre la concurrence déloyale », explique Sophie Brocas, préfète de la région, présente ce jour sur cette opération.
En 2023, la vingtaine d’agents de la Dreal spécialisés en la matière ont ainsi mené plus de 780 contrôles, principalement sur les routes mais aussi directement dans les locaux des entreprises implantés sur le territoire.
Les transporteurs étrangers ciblés
Sur plus de 5.000 véhicules passés au crible, 1.159 infractions ont été relevées. Dans la moitié des cas, il s’agissait de temps de repos non respectés par les chauffeurs. Et dans près de 70% de ces infractions, ce sont des transporteurs étrangers qui ont été épinglés. Rien de vraiment étonnant à cela, ce sont eux qui sont principalement ciblés.
« La profession est très réglementée, rappelle Fanny Harlé, responsable de l’unité de contrôle des transports routiers à la Dreal Centre-Val de Loire. Notamment en ce qui concerne le « cabotage ». » Le cabotage ? C’est la possibilité pour les transporteurs routiers européens de charger et décharger sur le territoire français. Mais avec un maximum de trois opérations dans une période de sept jours, afin que cette concurrence ne soit pas trop étouffante pour les transporteurs français.
685.000 euros d’amendes
L’an passé, sept sanctions administratives – dont des interdictions de cabotage mais aussi des « pertes d’honorabilité », interdisant de fait la poursuite d’activité – ont été prises par la préfète de région à l’encontre de transporteurs ayant multiplié les infractions. Mais dans la plupart des cas, les sanctions se matérialisent par des amendes. Leur montant a dépassé 685.000 euros en 2023. « 40 % des infractions nationales sont relevées en région Centre-Val de Loire », souligne Sophie Brocas.
En 2024, les services de l’État n’envisagent pas d’augmenter la cadence en multipliant les opérations de vérifications. Mais plutôt de parfaire leur savoir-faire. Aujourd’hui, certains transporteurs indélicats sont capables d’installer des petits boîtiers amovibles – et donc difficilement détectables – ou de hacker des logiciels pour tromper les contrôleurs sur les temps de conduite ou les normes antipollution.
Une course en avant qui, comme dans la lutte antidopage, pousse les contrôleurs à être toujours à la pointe de la technologie, et à échanger plus étroitement avec leurs collègues européens. « Ce sont des choses qu’on ne voyait pas, il y a dix ans, on doit adapter nos méthodes », reconnaît Laurent Moreau, chef du service mobilité et transports à la Dreal.
Alexandre Charrier
Publié le 31/08/2024