TRANSITION RATÉEPar souci écologique, Dupuy avait converti ses poids lourds au Gaz naturel liquéfié (GNL). La flambée des prix du gaz lui a été fatale

C’était un geste pour la planète. Entre 2020 et le début de 2022, les transports Dupuy, en Alsace, avaient progressivement converti leur flotte de camions au Gaz naturel liquéfié (GNL). Le but ? « Rouler plus propre. » Mais la flambée des prix du gaz consécutive à la guerre en Ukraine a mis en échec cette stratégie.

« La liquidation a été prononcée ce matin à 10 heures » par le Tribunal de commerce de Strasbourg, a annoncé Laurent Dupuy, patron du transporteur familial. « On nous demande une transition écologique mais on se rend compte que tout le monde s’en fout complètement. »

L’entrepreneur a joué de malchance avec l’invasion russe en Ukraine, qui a fait flamber les prix du gaz à partir du début de l’année 2022. Alors qu’il avait bâti ses calculs sur un prix du gaz inférieur à un euro le kilo (l’équivalent d’un litre de carburant), Laurent Dupuy a vu les cours exploser jusqu’à 4,5 euros en 2022.

Même si les cours sont revenus actuellement aux alentours de 1,65 euro le kilo, l’entreprise est lourdement endettée et a dû demander l’an dernier son placement en redressement judiciaire. Le seul repreneur en lice a jeté l’éponge, entraînant Dupuy à la liquidation. Ses 19 camions vont être vendus aux enchères, tandis que ses 44 salariés vont perdre leur emploi.

Le chef d’entreprise de 57 ans, qui avait investi 3 millions d’euros dans sa flotte de poids lourds de dernière génération, se dit dépité par l’absence d’aide des pouvoirs publics. « En France, il n’y a pas de bouclier tarifaire ni de guichet unique : toutes les administrations nous ont envoyés bouler », déplore-t-il.

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