Très attendue par les professions en tension du transport routier de marchandises (TRM), la troisième réunion entrant dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires conventionnels s’est tenue le 5 janvier entre les syndicats de salariés et les organisations patronales. Elle s’est soldée par un échec.

Les organisations professionnelles étaient venues avec une proposition unanime, ce qui n’était pas le cas lors de la réunion précédente du 6 décembre (cliquez sur ce lien pour lire son compte rendu) : elles ont proposé une revalorisation de 5 % de l’ensemble des barèmes et coefficients conventionnels pour le TRM, ce qui porte les minima sur les plus bas coefficients tout juste au-dessus du Smic.

Les représentants des syndicats ont refusé de signer l’accord à ce niveau d’augmentation. Ils demandaient une revalorisation à deux chiffres. Voici ce que seraient les augmentations des taux horaires par coefficient en 2022 s’ils avaient ratifié un accord :

Rémunérations dans le TRM – taux horaires par coefficient avec augmentation de 5 %

Trop faible par rapport à l’inflation

« Nous estimons que, par rapport à la rémunération due, la réelle augmentation est de 2,25 % en moyenne, soit entre 14 et 44 centimes, expliquent les représentants des syndicats CGT Transports, FO Transports et SNATT CFE-CGC, dans un communiqué commun publié le 6 janvier. Au vu de l’inflation actuelle et de celle prévue au premier trimestre 2022 par les experts (aux alentours de 4 %), nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle augmentation automatique du Smic qui placerait, une nouvelle fois, l’ensemble de nos grilles en deçà de celui-ci. Comment peut-on encore en être là après les deux années que nous venons de traverser ? » Les représentants syndicaux regrettent que les services rendus à la population par le secteur pendant la crise sanitaire ne soient pas pris en compte.

« Nos métiers sont pourtant en tension comme d’autres secteurs d’activité de service qui, eux, ont bien compris la nécessité d’augmenter leurs salariés de manière substantielle pour ne pas perdre le savoir-faire et les qualifications, complètent-ils. Et ce n’est pas d’aller chercher la main-d’œuvre aux confins de l’Europe qui réglera le problème à long terme. Les salariés du transport ont besoin d’un signal fort de leurs employeurs et cela passe forcément par une revalorisation qui ne soit pas les miettes qu’ils veulent bien nous jeter ».

Echec de la négociation

Les organisations syndicales rappellent qu’à ce stade, « l’échec de la négociation incombe aux employeurs qui préfèrent continuer de bénéficier des allègements de cotisations sociales au travers des réductions générales de celles-ci (loi Fillon), cette pratique constituant un obstacle majeur à une réelle revalorisation des salaires. C’est bien l’éternel leitmotiv des patrons du transport qui pensent que le seul levier pour augmenter leurs salariés est la suppression de cotisations sociales au lieu de négocier avec leurs donneurs d’ordre ».

Où en est-on ?

A l’issue de cette réunion du 5 janvier, les organisations professionnelles se sont engagées auprès des organisations syndicales à transmettre un projet d’accord écrit comportant les grilles conventionnelles. Cette proposition écrite comportera un délai laissé aux organisations syndicales destiné à leur permettre, formellement, de se prononcer sur celui-ci. Même si l’issue ne fait aucun doute étant donné l’expression des positions de ces dernières.

A ce stade, les négociations sur les salaires dans la branche TRM sont au point mort, et les minima conventionnels qui prévalent restent ceux de mars 2021, avec des taux horaires inférieurs au Smic pour certains coefficients, qui sont donc automatiquement portés au niveau de celui-ci (10,57 €/h).

Négociations sur les avantages sociaux

Les organisations patronales se disent ouvertes à négocier sur la revalorisation de la mutuelle complémentaire santé, la prévoyance et l’épargne salariale, permettant d’accroître l’attractivité des professions. Elles soulignent la nécessité de mettre l’Etat face à ses responsabilités pour améliorer les conditions d’accueil des conducteurs chez les clients des entreprises de transports routiers.

L’Etat peut-il intervenir ?

L’Etat n’intervient pas directement dans les NAO mais l’avis du gouvernement compte et la ministre du Travail possède d’autres leviers pour influer sur ces négociations. Elisabeth Borne a récemment encouragé les partenaires sociaux de l’ensemble des secteurs d’activité à revaloriser les salaires, notamment les plus bas, pour que les minima conventionnels passent au-dessus du Smic.

Affaire à suivre…