Le 11 juillet 2017, la station de la Plagne-Tarentaise en Savoie fut le théâtre d’un dramatique accident dans lequel un enfant de 7 ans avait perdu la vie. Au lendemain du jugement rendu par le tribunal correctionnel d’Albertville, le père du garçon a souhaité saluer la décision de justice.
La fin d’une interminable attente, après près de quatre années de procédure. Mais un verdict à la hauteur de leurs attentes. Pour Thomas et Claudine Kolasinsky, c’est la dernière page d’un feuilleton douloureux qui se tourne. Plus de 1 300 jours se sont écoulés depuis la mort tragique de leur fils, Léo, âgé de 7 ans, en vacances à La Plagne avec ses grands-parents. Le 11 juillet 2017, à la sortie d’une aire de jeux, l’enfant était mortellement percuté par un semi-remorque, momentanément délaissé par son conducteur. L’engin, dont le frein à main n’était pas actionné, avait dévalé un chemin en pente et violemment percuté la petite famille, avant de finir sa course 30 mètres plus bas.
Le 12 mars dernier, cinq personnes étaient renvoyées devant le tribunal correctionnel d’Albertville, afin d’être jugées pour “homicide involontaire” et “blessures involontaires”. Un mois plus tard, le 16 avril, date à laquelle le jugement avait été mis en délibéré, le tribunal est allé à l’encontre des plaidoiries des avocats de la défense, en condamnant l’ensemble des prévenus dans cette affaire. « C’est une décision qui nous semble juste, se satisfait Thomas Kolasinsky. Il était important pour nous que l’on ne se focalise pas uniquement sur le chauffeur, qui est l’élément déclencheur de l’accident, mais qu’il y ait aussi une reconnaissance de culpabilité de toute la partie administrative qu’il y a derrière ce drame. »
« Léo est décédé pour du business de montagne »
Le conducteur du semi-remorque était venu à La Plagne déposer un container, destiné à une animation commerciale pour un sponsor automobile de la station. Pour ce faire, l’office de tourisme de Belle-Plagne avait fait appel à une société albertvilloise, spécialisée dans l’organisation d’animations commerciales. Ces différents acteurs avaient dû répondre de la même négligence : celle de ne pas avoir demandé un arrêté municipal qui aurait permis d’assurer la sécurisation du chemin au moment de l’intervention du poids lourd. « Il y a ce sentiment, qui ne nous quitte pas, que Léo est décédé pour du business de montagne », fulmine le jeune père de famille.
Leur responsabilité ayant été retenue, l’office de tourisme et la société mise en cause ont été condamnés à 100 000 euros d’amende, dont 50 000 euros avec sursis. Un an et 15 mois de prison avec sursis ont été prononcés à l’encontre du directeur de l’office de tourisme de l’époque, et du chauffeur du camion. La responsable de projet a, quant à elle, écopé de six mois de prison avec sursis.
Quant aux deux parents, installés dans la région de Montpellier, ce 16 avril marquera un nouveau tournant dans leur vie d’après. « Ma femme et moi avons réagi à notre manière à cette tragédie. J’étais plus dans l’action, ma femme a, de son côté, travaillé sur la rédaction d’un livre par rapport à notre histoire. Notre priorité, c’était de continuer à avancer pour le petit frère de Léo, âgé de 6 ans. On avait toujours dit à Léo qu’il vivait dans un pays où il y a une justice et qu’il serait toujours en sécurité. Désormais, on sait qu’on ne lui a pas menti. »