Frédéric Cuvillier, maire de Boulogne et ancien ministre des Transports, dénonce les conditions dans lesquelles les routiers sont testés au Covid en Angleterre avant leur retour en France : ils doivent s’administrer eux-mêmes un test antigénique. Un chauffeur boulonnais confirme l’existence de cette procédure qui pose question.
Des chauffeurs accroupis au-dessus du bitume, alignés au pied de leurs camions, une tige à la main. La méthode, qui impose aux routiers de se soumettre eux-mêmes à un test antigénique avant leur retour en France, a de quoi surprendre. Elle aurait cours depuis plus d’un mois, à en croire Sébastien, le chauffeur routier d’Audresselles qui s’était retrouvé bloqué pendant trois jours en Angleterre juste avant Noël. « On nous donne un kit et on fait les prélèvements nous-mêmes, par petits groupes, témoigne-t-il. Le pire, c’est que ça se passe dehors, à même le sol, il n’y a même pas d’abri… »
Frédéric Cuvillier, maire de Boulogne, a été alerté de cette situation par des transporteurs. Les photos qu’il a reçues ont fait bondir l’ancien ministre des Transports. Lequel s’est fendu d’un communiqué envoyé aux médias, jeudi soir. « Je réclame avec force que leur dignité humaine soit respectée de la part des autorités britanniques », déclare l’élu.
Des risques pour les chauffeurs
Olivier Arrigault, secrétaire général de la FNTR (1) du Nord, confirme que cet auto-test est réalisé sans l’assistance de personnel sanitaire (2). Ce qui pose au passage la question de son efficacité. « Le résultat peut être discuté si ce test n’est pas fait correctement », reconnaît-il. Sans parler des risques pour les routiers, qui doivent s’administrer la longue tige dans le nez. « Quand j’ai fait le test avec mon collègue, il a saigné du nez, il a été trop loin », se souvient Sébastien, le chauffeur audressellois.
« Les autorités considèrent trop souvent que les camions transportent des marchandises, en occultant le côté humain. »
« Les chauffeurs ne sont pas traités pour ce qu’ils sont, résume Olivier Arrigault. Les autorités considèrent trop souvent que les camions transportent des marchandises, en occultant le côté humain. » Pour lui, ce n’est qu’un nouvel exemple du manque de considération pour la profession en cette période de crise sanitaire, entre la fermeture des restaurants et des équipements sanitaires.
1. FNTR : Fédération nationale des transports routiers
2. Si ce premier test s’avère positif, un test PCR est ensuite réalisé par une équipe médicale