Le coronavirus et le confinement ont aussi freiné la prostitution. Dans ce secteur aussi, la reprise est progressive.

En Champagne-Ardenne, la majorité des 173 prostituées suivies par le Centre d’accompagnement des personnes prostituées de la Marne et des Ardennes ont cessé leur activité pendant le confinement. Faute d’attestation de déplacement justifié pour elles-mêmes comme pour leurs clients, les prostituées qui exercent sur le trottoir, sur l’une des 4 scènes ouvertes connues dans la Marne, ont arrêté par la force des choses. Mais beaucoup ont interrompu leur activité par choix, par prudence.

La plupart ont préféré ne pas travailler du tout que de prendre un risque et d’autres ont continué à travailler par souci pécuniaire – Jacques Schuurman, directeur de SOS Hépatites Champagne-Ardenne, qui gère un Centre d’accueil et d’adccompagnement des personnes prostituées

En plus du matériel de protection habituel comme les préservatifs, le Centre d’accompagnement des prostituées de la Marne et des Ardennes a fourni des masques, du gel hydroalcoolique mais aussi, avec l’aide d’autres associations, de l’aide alimentaire et des chèques-services délivrés par le gouvernement pour les achats de première nécessité.

Sans chômage partiel, sans revenus, isolées, la situation sociale des péripatéticiennes s’est dégradée mais « les prestations sociales leur ont permis de percevoir un minimum vital, ce qui a permis de ne pas aggraver certaines situations sociales« , précise Jacques Schuurman, de l’association SOS Hépatites Champagne-Ardenne

Deux fois moins de clients

Stéphanie, elle, avait de l’argent de côté. Et heureusement, car dès le mois de février, elle a vu sa clientèle déserter. Deux fois moins de sollicitations que d’habitude. Le 16 mars, dès l’annonce du confinement, elle cesse son activité. Elle ne recevra que deux ou trois demandes pendant toute la durée du confinement, qu’elle déclinera.

Dès le 11 mai, Stéphanie fait partie des prostituées qui reprennent du service, mais, toujours avec moitié moins de clients. « _Ça ne bouge pas tant que ça parce qu’_il y a des entreprises encore fermées, il y a des gens qui sont encore en chômage partiel« , explique Stéphanie qui évoque aussi la peur.

Moi j’ai des gens qui sont diabétiques, cardiaques, je ne les ai pas revus et je ne les reverrai pas tout de suite – Stéphanie, une prostituée

Pour les clients qui se présentent depuis le 11 mai, Stéphanie a pris des mesures de précaution sanitaire. Le port du masque est obligatoire. « Les clients comprennent. J’ai beaucoup de routiers qui portent déjà des masques pour leur travail« . Stéphanie a également supprimé de ses prestations peut-être la moins charnelle de ses pratiques le simple bisou, y compris sur la joue « pour protéger le client, mes proches et moi-même« .

Lundi 15 juin 2020

https://www.francebleu.fr/infos/societe/le-lent-deconfinement-des-prostituees-masques-obligatoires-et-bisous-interdits-1591951556