TÉMOIGNAGE. Chauffeur routier à Baud, Nicolas est « livré à lui-même »

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Nicolas Damoneville est heureux de continuer à travailler, même si les conditions sont modifiées durant le confinement. © Ouest-France

Nicolas Damoneville, 39 ans, de Guénin (Morbihan), est chauffeur routier depuis 21 ans. Salarié de l’entreprise Cobigo à Baud depuis 2008, le confinement l’oblige à modifier ses habitudes.

La période est compliquée pour les chauffeurs routiers ?

J’ai envie de dire que nous sommes livrés à nous-mêmes. Aucun restaurant routier ouvert, beaucoup d’aires de repos fermées, donc plus de sanitaires (douches, toilettes…).

Les entreprises prennent-elles des dispositions ?

Notre patron fait au mieux pour ce qui est de l’hygiène et des gestes barrières. Certains personnels des bureaux sont en télétravail. Il a donné à chacun du désinfectant, des lingettes nettoyantes et des lotions hydroalcooliques. Il fait en sorte que personne n’utilise les véhicules des autres. Pour ma part, je trouve qu’il gère bien. Il a aussi ouvert ses douches aux chauffeurs extérieurs. Les locaux sociaux et bureaux sont désinfectés tous les soirs.

Y a-t-il des points positifs, tout de même, à cette période ?

Oui, la circulation a beaucoup baissé, et le passage des grandes agglomérations aux heures de pointe ne s’est jamais aussi bien passé.

Avant, aviez-vous connu des conditions aussi difficiles ?

Pas vraiment. La crise des Gilets Jaunes nous a parfois ralenti. Mais actuellement, on ne peut plus manger au resto. C’est terrible ; c’est le seul moment où on peut échanger avec d’autres personnes. Aujourd’hui, je réchauffe mes conserves, et le soir, je suis seul dans ma cabine. Les soirées sont longues.

Entre les routiers, les attitudes ont-elles changé ?

Depuis que j’ai commencé à rouler, en 1999, l’entraide entre chauffeurs a bien diminué. C’est un peu chacun pour soi ; c’est dommage ! Il reste encore quelques bonnes personnes heureusement, notamment dans notre entreprise.

Qu’est-ce qui est le plus difficile pour un routier durant le confinement ?

Aujourd’hui, c’est la baisse de l’activité, qui me contraint parfois à rester à la maison. Mais pour ne pas perdre trop d’argent, notre patron puise dans notre solde de récupération. Du coup, lorsque je suis à la maison, je profite à fond de ma famille, et pour bricoler.

Avez-vous des anecdotes vécues durant cette période ?

Oui, je me suis vu refuser la douche, et même le droit de me laver les dents, dans une entreprise. Ça a eu le don de me mettre en colère ! Mais heureusement, son voisin était sympa et il m’a offert une douche.

Ouest-France  

 

 

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