Face à la chute de la demande, les transporteurs routiers arrêtent leur parc ou travaillent de façon partielle et ciblée sur les liaisons encore rentables. Tel est le constat dressé par la Fédération nationale des transports routiers et le cabinet BP2R enrichi par une analyse sur l’évolution des coûts de revient du secteur réalisée par le Comité national routier.
Selon la FNTR, « 86 % des transporteurs routier connaissent un arrêt total (30 %) ou partiel (56 %) de leur activité et, en moyenne, 59 % de leurs camions ne circulent plus faute de commandes ». Même ceux présents sur les marchés agroalimentaires sont impactés par la crise du Covid-19 ; 50 % y déclarent une baisse d’activité. Le consultant BP2R confirme ce constat et révèle que 61 % des transporteurs ont perdu au moins 20 % de leurs trafics. Si le segment frigorifique lié aux filières agroalimentaire et santé-pharma s’en sort mieux, il évalue à un tiers le nombre d’entreprises du secteur ayant arrêté leurs activités ou réduit la voilure. Pour celles qui travaillent encore, elles déclarent disposer d’effectifs suffisants et adaptés à la demande actuelle sachant que de 60 % des transporteurs recourent aux nouvelles mesures de chômage partiel.
Vigilance sur les coûts de revient
BP2R a étudié également les impacts organisationnels et tarifaires du Covid-19. Il relève la difficulté des transporteurs à équilibrer leurs flux et à remplir leurs véhicules à l’aller comme au retour : 78 % ont modifié leur plan de transport en ciblant les liaisons dont les chargements sont assurés dans les deux sens. Enfin un tiers d’entre eux ont procédé à des réévaluations de tarifs pour intégrer leurs nouvelles contraintes d’exploitation.
« Avec un taux de parcours en charge abaissé à 50 %, une hausse tarifaire de 62 à 75 % est nécessaire pour couvrir les coûts de revient »
Pour les aider à ajuster leurs prix, le Comité national routier a publié une étude sur l’évolution des coûts de revient du secteur. En temps normal, les transporteurs équilibrent leurs coûts lorsque le taux de parcours en charge est de 86,5 %. Si ce taux diminue à 50 %, le CNR estime que leurs tarifs devraient augmenter de 62 à 75 % pour préserver leur rentabilité. Cette estimation vaut pour des ensembles 40 tonnes en longue distance ou en régional. Dans le cas où le taux de parcours en charge est à 75 %, les hausses tarifaires à appliquer seraient de 8 à 15 %. Le CNR appelle les transporteurs à être vigilants aussi sur l’impact des heures supplémentaires sur les temps de service des conducteurs et la couverture des coûts fixes calculée sur un volume d’activité différent. Quant à la baisse du gasoil, elle influerait de 1,7 à 2,4 % sur les prix de revient.
Érick Demangeon
Jeudi 9 Avril 2020