Coronavirus. Malgré l’appel au retrait, les routiers fidèles au poste

Trois syndicats de chauffeurs routiers les ont appelés à exercer leur droit de retrait dès lundi 30 mars 2020. Un mouvement peu suivi pour le moment.

Dans ma boîte, rien ne change, nous roulons comme d’habitude. Chez les copains, j’en connais un seul qui a exercé son droit de retrait, constate David Petit, un ancien militaire devenu chauffeur routier chez Trans Touross, une société d’une trentaine de personnes basée dans l’Ain.

Une remarque qui résume bien l’absence de suivi de l’appel de trois syndicats du transport routier. La CFDT, FO et CFTC avaient appelé, lundi 30 mars 2020, les chauffeurs à exercer individuellement leur droit de retrait s’ils constataient des manquements aux mesures sanitaires instaurées pour faire face à la pandémie. Un droit de retrait peu utilisé pour le moment dans la profession. Sur des entreprises qui emploient 60 000 salariés, on parle de moins d’une dizaine de cas, pointe Alexis Degouy, délégué général de l’Union des entreprises de transport et logistique de France (Union TLF).

Colère grandissante concernant les conditions de travail

Les syndicats dénoncent, depuis mi-mars 2020, un manque de masques et de gel hydroalcoolique, un manque de sanitaires et de douches accessibles, et des services de restauration insuffisants. Ils déplorent également des clients ne respectant pas les conducteurs.

On nous dit que nous sommes essentiels, mais on nous envoie au charbon et on nous laisse crever, a lancé Patrice Clos, le secrétaire général de FO Transports. À part l’ouverture des parkings, il n’y a pas d’amélioration, notamment concernant les sanitaires ouverts et propres ou la restauration, a-t-il dénoncé. Face à la colère grandissante des chauffeurs routiers, le gouvernement avait réagi pour s’assurer que les conditions de travail s’améliorent.

Une amélioration que constate le chauffeur David Petit. C’est bien mieux au niveau des sanitaires et des restos. Lundi matin, en allant dans une station-service, c’était nickel. J’ai même eu droit à une baguette gratuite toute fraîche. Concernant l’accueil réservé par les clients, en revanche, c’est du 50/50 » : « Parfois, on est reçu comme des pestiférés. Parfois, à droit au sourire des gens qui nous voient arriver…

« Le dernier maillon avant la distribution des produits dans les supermarchés »

Eric Retteler est routier chez Jacky Perrenot, dit « JP », un des leaders du transport routier en France. Pour lui, si la situation ne s’est pas vraiment améliorée. Mais pas question, en revanche, d’abandonner le poste. J’ai une conscience professionnelle. Comment demander à des routiers de se retirer alors que nous sommes le dernier maillon avant la distribution des produits dans les supermarchés ? Nous sommes en première ligne. Sans le transport routier, les soignants ne mangent pas.

Coronavirus. Malgré l’appel au retrait, les routiers fidèles au poste.