Social. « Horaires à rallonge, nuits dans la cabine, absence de vie de famille, petits salaires… Pourtant, les routiers sont loin de bénéficier du même régime de retraite que les cheminots. »
Jean-Pierre Repesse (Ille-et-Vilaine) :
J’ai été, non pas conducteur de trains… mais conducteur routier. Alors permettez-moi, lorsque j’entends les revendications des cheminots, concernant leur temps de travail, leur temps libre, leur salaire et j’en passe… Eh bien, un chauffeur routier, avec un 40 tonnes, c’est bien loin d’être la même vie. Quand j’ai commencé ma carrière, je partais à la semaine, je dormais dans mon camion, je découchais cinq nuits par semaine, pas de vie de famille, et pas de jour de récupération pour autant.
Ensuite, j’ai travaillé de nuit, ce qui veut dire que je partais à 19 h pour rentrer à 6 h le lendemain matin, ce n’était pas sept heures de travail, je n’avais pas de RTT non plus et le décompte des heures de nuit n’était pas le même qu’à la SNCF.
Il ne faut pas oublier que s’il y avait des intempéries, je pouvais être bloqué deux ou trois jours sur un parking, à dormir dans ma cabine. Pour les repas, il fallait se débrouiller.
Mon salaire, c’était un Smic amélioré auquel s’ajoutaient mes heures supplémentaires, c’était du plus de 60 heures par semaine, une prime de dimanche, si je partais le dimanche (20 €), une prime de petit-déjeuner. Les vacances ? Cinq semaines, pas un jour de plus.
Dans une année je parcourais 160 000 km avec tous les risques et pas le droit à une minute d’inattention. J’ai aimé mon métier, mais le jour de la retraite, celle-ci n’est pas calculée sur les six derniers mois. Je n’en ai pas bénéficié à 52 ans mais à 60 ans comme la plupart des personnes du privé et le montant… comme les primes ne comptent pas !
Pensez-vous que je puisse bénéficier de voyages gratuits pour moi et ma famille comme la SNCF, même pas ! Je ne suis pas jaloux, je ne regrette pas, mais j’ai un peu d’amertume quand ces personnes disent qu’ils n’ont pas de vie de famille, pas de temps libre etc. Qu’ils pensent à ceux qui travaillent dans les hôpitaux et ceux qui travaillent de nuit dans bien des secteurs ou qui doivent dormir dans leur voiture faute de moyens etc. Réfléchissez et pensez aux autres.
Leurs droits, certes leurs parents les ont obtenus, mais… il faut peut-être replacer les choses à l’époque actuelle !
Publié le 13/12/2019