Toujours plus de e-colis à livrer pour Amazon en France : pour les prestataires de transport, le développement du leader mondial du e-commerce est vécu avec ambivalence. Il tire l’activité mais représente également une menace.

Entre emplois et nuisances écologiques …

En France, l’ogre Amazon n’a pas fini de prendre du poids en tant qu’acheteur de transport auprès des  »expressistes », transporteurs routiers et livreurs du dernier kilomètre. Le leader mondial du e-commerce se développe encore. Au second semestre, il va mettre 
en service un site de 142 000 m2 à Brétigny-sur-Orge et ce n’est pas fini. A Metz, il devrait ouvrir en 2020 un autre entrepôt géant – jusqu’à 180 000 m2 – sur un ancien aéroport militaire. Clause de confidentialité oblige, les élus locaux sont tenus de désigner sous le nom de code Delta ce projet qui pourrait générer 2 à 3 000 emplois. Il n’empêche, le Républicain Lorrain a déjà livré des détails, comme les 305 rotations quotidiennes de camions que l’activité pourrait engendrer qui auront un impact sur l’écologie. Ce sont des volumes supplémentaires à transporter en amont des entrepôts et à livrer aux consommateurs pour les nombreux prestataires d’Amazon parmi lesquels figurent plusieurs entités nationales et internationales mais aussi des entreprises et prestataires locaux  indique Amazon qui sélectionne ses fournisseurs par appels d’offres. La moins bonne nouvelle pour ces derniers, c’est que la position de force de ce membre des GAFA  (https://www.glossaire-international.com/pages/tous-les-termes/gafa.html)

Certains rient, d’autres commencent à grincer des dents …

Certains géants mondiaux du colis express comme Geopost, la maison mère de DPD Group, commencent à grincer des dents. Lors de la présentation de ses comptes 2018 (+8,6% de CA), celui-ci a attribué le ralentissement de son résultat d’exploitation 
(-4,3%, hors dépréciation) à deux phénomènes : la pénurie de chauffeurs et la pression accrue sur les marges d’e-commerçants comme Amazon. De quoi alimenter un cercle vicieux.

Difficile de dégager 
des marges 
« L’explosion du e-commerce répand l’idée auprès du consommateur que le transport de son colis ne coûterait rien, abonde Antoine Cardon, le délégué général du Syndicat national des transitaires légers ( http://www.sntl.fr/ ). Résultat, il est difficile pour les transporteurs de dégager des marges. 
La tendance reste aux prix bas, mais ce n’est pas la seule variable des appels d’offres. Pour autant, Amazon ne serait pas forcément le pire client.

Un futur concurrent ? 
Reste que la force de frappe financière sans limite et la capacité d’innovation d’Amazon nourrissent la crainte du secteur de voir au final ce client devenir leur concurrent. Le projet français de taxation des GAFA pourrait l’inciter à gagner des marges en interna lisant ses livraisons aux particuliers. En septembre 2018, aux Etats-Unis, le groupe de Jeff Bezos a passé une commande géante de 20 000 utilitaires Sprinter Mercedes pour les livraisons au dernier kilomètre. En fait, elles seront confiées non pas à des salariés mais à l’équivalent d’auto entrepreneurs en échange d’un investissement de départ de leur part. Une expérience aurait également été tentée à Londres.

Ce sera massif et brutal …

« Il n’y a aucun plan de ce genre ; nous allons continuer en France à externaliser 100% de nos transports en France », affirme Julie Valette, porte-parole d’Amazon France. Il n’empêche, « on peut penser que le jour où Amazon voudra recentrer l’activité livraison en interne, ce sera massif et brutal », redoute Antoine Cardon du SNTL.

Sources : Marc FRESSOZ     http://www.transportinfo.fr/la-strategie-damazon-inquiete-ses-transporteurs/?fbclid=IwAR2Y0voml4i2l7bEfKsDJ9QFKzGFe_SID9JbwYP-h2n1lXHTFZEngjnquGs