Le scénario est toujours le même : des voitures arrivent à vive allure, ralentissent à hauteur d’un semi-remorque, l’obligent à s’immobiliser. Des hommes armés de AK-47 descendent en trombe des véhicules, menacent le chauffeur et repartent avec son camion. Cette scène tout droit sortie d’un film hollywoodien se produit chaque jour sur les autoroutes du Mexique, où la violence est alimentée par les puissants cartels de la drogue et par d’autres gangs. Et les dangers croissants auxquels s’exposent les chauffeurs routiers a fait naître une nouvelle activité, aujourd’hui en plein essor : le blindage des semi-remorques. En effet, notamment pour les sociétés spécialisées dans le transport de produits électroniques, d’appareils ménagers, de produits pharmaceutiques et de vêtements de luxe, les marchandises d’une valeur supérieure à un certain montant ne sont assurées que si elles sont transportées par des véhicules capables de résister aux tirs de fusils d’assaut.
Cela implique de blinder les cabines des chauffeurs-routiers et de les doter de vitres pare-balles Ces opérations de blindage reviennent très cher aux transporteurs (autour de 24 000 euros par camion !), mais ils n’ont pas le choix. En 2017, la police mexicaine a reçu 11 425 plaintes pour vol à main armée sur des camions de marchandises, soit une moyenne de plus de 31 par jour ! En 2018, 11 062 plaintes ont été déposées entre janvier à novembre, soit 33 par jour… L’industrie du transport routier estime que ces attaques lui font perdre 4 milliards d’euros par an. Les sociétés mexicaines de transport consacrent environ 6 % de leurs revenus à la sécurité, contre environ 0,5 % dans le reste du monde, selon des chiffres du secteur. On est loin des petits conflits avec les Gilet jaunes !
Pour Esteban Hernandez, président de l’Association mexicaine de blindage de véhicules, le secteur est engagé dans une course technologique contre les criminels : « Les camions disposent de dispositifs GPS qui indiquent leur position en cas d’arrêt imprévu, mais les criminels ont leurs propres dispositifs pour bloquer le GPS ». Comme les brigands accèdent à la cabine par les marches métalliques du camion, un mécanisme permettant de rétracter les marches depuis l’intérieur de la cabine a été mis au point, ce qui empêche tout appui. Le chauffeur redéploie les marches au moment où il a besoin de sortir. Reste pour les transporteurs à convaincre leurs conducteurs qu’ils peuvent avoir confiance dans leur camion et sont plus en sécurité dans leur cabine en cas de vol à main armée. On comprendrait dans ces conditions que le Mexique ne trouve bientôt plus de routiers ! – MF
Les routiers mexicains font blinder leurs porteurs pour se protéger contre les attaques de puissants cartels de la drogue et autres groupes criminel organisés. Ici dans une usine de la banlieue de Mexico.
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