BLOCAGES / Les syndicats de routiers avancent au ralenti vers les gilets jaunes

BLOCAGES / Les syndicats de routiers avancent au ralenti vers les gilets jaunes

SUD-solidaires Route soutien le mouvement  mais n’appelle pas au blocage un mouvement apolitique et sans syndicat, par respect des gilets jaune.

21/11/18

La fédération FO du secteur a appelé mardi ses adhérents et sympathisants à rejoindre le mouvement des «gilets jaunes». La question taraude aussi les autres organisations syndicales de routiers et conducteurs.

En matière de blocage routier, ils ont de la bouteille. Une expérience qu’ils ont décidé de mettre au profit des «gilets jaunes». Mardi en fin de journée, les syndicalistes de la Fédération nationale des transports et de la logistique de FO (UNCP) ont décidé, «au regard du mépris et de l’arrogance du gouvernement», de rejoindre le mouvement. Ou, tout du moins, «en solidarité avec tous ses militants, adhérents et sympathisants», explique ce syndicat, troisième force du secteur, de «participer et organiser toutes actions visant à revendiquer l’augmentation du pouvoir d’achat».

Epicer les échanges

L’annonce a été faite quelques heures avant la réunion, ce mercredi matin, du Comité confédéral national (CCN) de FO, pour élire le nouveau secrétaire général du syndicat. De quoi épicer un peu plus les échanges entre ses membres. D’autant que le chef de file du syndicat FO Transports n’est autre que Patrice Clos, l’un des trois candidats en lice pour reprendre les rênes de FO. «On appelle à venir renforcer les mouvements existants. Nous sommes aussi des citoyens», explique-t-il. Et d’avertir, offensif : «Si le gouvernement continue à mépriser nos concitoyens, on verra si on passe à l’étape supérieure, c’est-à-dire l’appel à la grève.» Au siège de FO, qui brandit sa«neutralité» en étendard, la position de Patrice Clos, qualifié d’«outsider» du scrutin, en met plus d’un mal à l’aise. «On a l’impression qu’il a le syndrome de la grosse tête, qu’il a voulu faire parler de lui», note un membre du CCN. Tout en assurant qu’au sein de FO, aucun autre syndicat n’a manifesté la volonté de se rallier à la cause des gilets jaunes.

Occuper le terrain social

Mardi matin, la question d’y aller ou pas a aussi été débattue par la branche transport et environnement (FGTE) de la CFDT. Cette réunion a accouché d’une position d’équilibriste : «Nous soutenons nos militants qui participent au mouvement des gilets jaunes, néanmoins nous n’appelons pas à le rejoindre», explique un responsable de la fédération. La fédération accuse le gouvernement d’être «responsable de ce qui est en train de se passer, à force d’avoir mis de côté les corps intermédiaires» et demande à être reçu par la ministre des Transports pour lui faire des propositions.

En amont du 17 novembre, première journée de mobilisation des gilets jaunes, une de ses antennes, le Syndicat national des transports urbains-CFDT de Saint-Etienne, avait lui répondu présente. «C’était une décision prise localement, pas avec nous», précise le responsable fédéral.

Du côté de la CGT Transports, rien n’a été décidé pour l’heure. «On n’a pas appelé à soutenir le mouvement, d’autant que notre confédération a appelé récemment à manifester avec tout le monde, les retraités, les chômeurs, les précaires lors de la mobilisation du 1er décembre», explique Jean-Marc Lambert, secrétaire général de la CGT Transports. De quoi y toucher, mais de loin. Et occuper le terrain social, sans prendre le risque de se rapprocher d’un mouvement aux contours jugés trop flous par nombre de syndicalistes. Mais la position du syndicat cégétiste pourrait évoluer, une réunion de la commission exécutive de la fédération étant prévue jeudi. «Le sujet sera certainement débattu à cette occasion», précise Jean-Marc Lambert. La CFTC Transports, quatrième organisation de ce secteur, évoque aussi une décision d’ici à la fin de la semaine. Le temps d’observer encore, un peu, ce mouvement que les syndicats peinent à saisir.

Amandine Cailhol

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