SUD-solidaires Route constate sur le terrain , la multiplication des camions au Gaz mais sans développement suffisant des stations au GAZ, encore une société moderne dirigeait par des cancres ……….
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Si Iveco a ressemblé durant des années à une belle endormie, le constructeur italien s’est bien réveillé en renouvelant entièrement ses gammes : d’abord le Stralis pour le secteur routier, puis le Trakker dans le TP, suivi tout récemment du X-Way. La marque a aussi su innover dans le domaine du camion propre avec son nouveau Stralis de 460 ch au GNL. Avec Scania, Iveco tient bien son rang en tant que grand promoteur du gaz.
La présentation par Iveco d’une nouvelle motorisation de 460 ch pour son Stralis au gaz était pour nous une évidence. Nous l’avions annoncée depuis bientôt un an… Malgré les résultats très positifs du Stralis NP(1) 400 au gaz liquéfié par rapport à la version traditionnelle au gazole, une version plus puissante était souhaitée par les conducteurs pour mieux aborder les itinéraires difficiles et sortir le NP des autoroutes des plats pays européens…
L’arrivée d’une plus grande puissance était aussi très attendue au niveau du réseau, car l’autre grand du gaz, Scania, monte en puissance sur ce secteur en renforçant sa gamme avec un 410-chevaux de 13,3 l, après son 340-chevaux de 9 l.Volvo vient à son tour de tenter un retour dans ce secteur du gaz avec un FH bifuel GNL-gazole de 460 ch (ce dispositif utilise en effet 10 % de gazole) ; la précédente version n’avait pas laissé un souvenir impérissable aux clients. Le secteur du gaz, qui était quelque peu snobé, semble donc avoir retrouvé un pouvoir d’attraction.Lors de la présentation de ce nouveau moteur au gaz de 460 ch, Pierre Lahutte a été très clair sur les objectifs de cette nouvelle génération de véhicules : « L’année dernière, nous avons présenté le Stralis NP 400. On a décidé de surfer sur son succès, pour conforter notre place de constructeur de grands-routiers et de véhicules au gaz. Le 460 va donc reprendre toutes les qualités éprouvées et les solutions mises en place sur le modèle précédent ».Pour ce qui est de son aspect écologique, le 460 comme le 400 permet de réduire de 99 % les particules fines et de 60 % les émissions nocives de NOx par rapport aux limitations imposées par les normes Euro 6, selon Lahutte, qui ajoute : « D’autre part, avec moins de 71 dB, nous répondons au niveau sonore minimal déterminé par la norme Piek.
Quant aux émissions ce CO2, elles sont réduites de 95 % si le gaz utilisé (qu’il soit comprimé ou liquéfié) est du biométhane. Ces caractéristiques donnent aux Stralis au gaz un bien meilleur bilan que les véhicules électriques, si on raisonne du puits à la roue… ».Outre le fait de passer de 9 à 13 l et de gagner 60 ch, le Stralis 460 montre que des efforts ont encore été faits du côté de la finition. Sur ce point-là, Iveco revient de loin. Car tous ces petits détails apparemment sans importance vitale peuvent parfois rendre la vie de tous les jours bien triste s’ils ne sont pas soignés…. La qualité perçue du 460 en fait désormais des camions… comme les autres, faisant oublier la parenté d’Iveco avec Pegaso…
Bons et beaux à la foisC’est probablement également dans ce but que furent conçues la série spéciale Abarth et les diverses finitions (dont une face avant couverte, dans toute sa partie foncée, de fibre de carbone). Ce faisant, Iveco renoue avec le passé : il fut le premier (dans les années 80) à présenter des séries spéciales (en commençant par le Cowboy). Le constructeur de Turin est bien décidé à convaincre que si ses camions sont bons sur la route, ils peuvent aussi être beaux… Sur les parkings des Relais Routiers, ils n’ont désormais rien à envier aux Scania et autres Volvo.Mais ils ne sont pas que cela. Pour regagner l’amour des routiers, l’agrément de conduite a beaucoup évolué, notamment grâce aux séries spéciales. Ainsi, trois litres supplémentaires de cylindrée donnent aux Stralis NP 460 des poumons qui respirent mieux, et les 60 chevaux de rab permettent de gravir les côtes en souplesse…La TraXon devient Hi-TronixLe nouveau Stralis 460 NP a hérité de la nouvelle boîte automatisée ZF TraXon (renommée Hi-Tronix par Iveco), proposée en 12 ou 16 vitesses. Non seulement elle offre un passage de rapport 10 % plus rapide que l’ASTronic, mais elle est aussi plus silencieuse. Et la TraXon, comme toutes les boîtes de dernière génération, offre la possibilité de se mettre en roue libre, pour mieux utiliser l’énergie cinétique du véhicule et faire baisser la consommation de carburant. Cela participe à une réduction globale (par rapport à un véhicule diesel) que le constructeur évalue à 10, voire 15 %.En prenant en compte cette baisse de consommation et le prix du gaz très avantageux (aujourd’hui), Pierre Lahutte annonce une réduction de 9 % du coût total de détention du véhicule (TCO). D’autant que l’absence d’AdBlue et de pot à particules allonge beaucoup l’intervalle d’entretien, qui se fait désormais aux alentours de 90 000 km.Les conducteurs n’ayant jamais conduit de véhicules au gaz seront peut-être surpris par l’absence de frein moteur sur le Stralis 460 est dépourvu. En effet, le taux de compression étant plus proche de celui des moteurs essence que diesel, au « lever de pied » on a tendance à utiliser la pédale de frein. Voilà qui explique pourquoi tous les véhicules gaz sont dotés d’un ralentisseur hydraulique, chargé de compenser la très faible décélération moteur. Ce qui pourrait passer pour un inconvénient se change donc très vite en avantage puisque le ralentisseur hydraulique induit une conduite très souple et oblige à anticiper.
Rappelons au passage qu’Iveco est le premier constructeur à réussir à « faire marcher ensemble » une boite automatisée et un moteur au gaz. Cette synchronisation est certes le résultat d’une collaboration avec l’allemand ZF, mais le bureau d’études fondamentales du constructeur Italien y est pour beaucoup.1 600 km d’autonomieDu côté de l’autonomie, le 460 au gaz est proposé, comme le 400, avec un seul réservoir, ce qui offre 570 km d’autonomie en version GNC, 800 km en GNL et 1 100 km avec un mixte GNL-GNC. Si l’option deux réservoirs est choisie, on peut même pousser à 1 600 km en GNL. Attention toutefois aux gendarmes couchés et aux dos d’âne avec les véhicules équipés des deux réservoirs : leur garde au sol est minime ! Le NP 460 est plutôt du type basset rase-bitume que lévrier à longues pattes…L’été dernier, nous avions pu faire un essai comparatif du Stralis diesel de 480 ch et du GNL de 400 ch (voir LR n°958). Si durant cet essai nous avions reconnu que pour les patrons de grandes flottes, le Stralis 400 NP était un bon camion économique, il est fort probable que des transporteurs indépendants trouvaient qu’il manquait de puissance : un peu juste pour répondre à toutes les demandes des clients, surtout ceux qui voudraient charger lourd et auraient à emprunter des itinéraires difficiles.Avec le 460, le Stralis au gaz devient une solution de motorisation véritablement concurrentielle du point de vue économique, avec en prime un bilan écologique de camion propre. •
Marie FRÉOR