On reprend les mêmes et on recommence… Après neuf mois de mise entre parenthèses, les négociations sur le régime d’assurance chômage censées trouver les moyens de réduire une dette de 30 milliards d’euros ont redémarré mardi sur l’épineuse question des nouvelles règles d’indemnisation. En juin dernier, le Medef avait claqué la porte sur le dossier de la taxation des contrats courts.
Si le contexte semble cette fois plus serein, débarrassé de la contestation sur loi Travail, un des sujets mis sur la table par le patronat pourrait bien crisper les discussions tant il est explosif.
Prêt à lâcher un peu de lest sur le chapitre des contrats courts (en renvoyant les discussions dans les branches professionnelles), le patronat souhaite durcir considérablement, en guise de contrepartie, les conditions d’indemnisation des seniors.
Recul de l’âge d’entrée dans la filière senior
Le Medef propose de reculer de 50 à 57 ans le seuil ouvrant le droit de toucher une allocation chômage jusqu’ici fixée à 36 mois, au lieu de 24 mois pour le reste des chômeurs. Selon ses arguments, l’âge d’entrée dans la filière senior ne correspondrait plus à la réalité du marché du travail. «Une personne de plus de 50 ans a moins de chances que le reste de la population d’être au chômage, mais lorsqu’elle y est, elle a plus de chances d’y rester longtemps», lit-on dans le projet patronal.
Pour le Medef, le problème des chômeurs de 50 à 57 ans tient plus à un manque de formation pour rebondir qu’à un avenir définitivement fermé aux seniors.
Pas de quoi convaincre la CFDT, qui est prête néanmoins à faire — pragmatisme oblige — un pas pour réussir cette fois à signer un accord. Dans son contre-projet, la centrale de Laurent Berger défend une solution intermédiaire en reculant cet âge à 52 ans. «C’est cohérent avec le décalage de deux ans de l’âge de départ en retraite», de 60 à 62 ans, plaide le syndicat, à la recherche d’un compromis acceptable avec le Medef.
Plus que trois réunions avant la présidentielle
La CFTC est déjà convaincue et, à quelques détails près, se situe sur la même longueur d’onde. «En 2016, le Medef avait déjà fait cette proposition. A l’époque, ça choquait tout le monde, aujourd’hui plus grand monde… Sur les contrats courts, le texte patronal renvoie la question à des négociations dans les branches sans aucune garantie. Et on sacrifierait le sort des seniors pour cela !» lance, remonté, l’un des représentants de la CGT.
Le syndicat de Philippe Martinez entend d’ailleurs faire de cette question un chiffon rouge avec l’espoir de convaincre les autres d’ici à la prochaine séance.
Mais le temps presse : les partenaires sociaux n’ont plus que trois réunions, jusqu’au 28 mars, pour tenter d’aboutir avant la présidentielle. Faute d’un accord, le prochain président de la République sera tenté — s’il s’agit de François Fillon ou d’Emmanuel Macron — de reprendre la main sur la gestion de l’Unédic.