Sur le plan technique, les performances de Galileo sont bien meilleures que celles du GPS.
La précision est ramenée à 3 ou 4 mètres au lieu d’une centaine il y a quelques années et un peu moins d’une dizaine actuellement.
Cela permettra d’éviter les erreurs de positionnement sur les voies , il déterminera si vous êtes sur la bonne voie
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L’Europe se dote de son propre réseau de satellites pour combler son retard en services de géolocalisation.
Les enjeux économiques sont colossaux à l’heure des objets connectés.
Allo Bruxelles, ici l’espace. Près de vingt ans après la naissance, en 1999, du projet Galileo, le « GPS européen » va enfin émettre, à partir de ce jeudi. Le lancement par Ariane 5 mi-novembre de quatre nouveaux satellites, portant leur total à 18 en orbite, a permis à la constellation européenne d’atteindre la taille nécessaire à son lancement opérationnel. Il reste partiel : le système ne sera pleinement opérationnel qu’en 2020, après la mise en orbite de douze nouveaux satellites. Mais il constitue déjà un symbole idoine des ambitions affichées mi-novembre par l’Europe dans sa politique spatiale : renforcer l’autonomie stratégique – l’Europe dépend pour l’instant du GPS américain – et entraîner une plus grande implication du secteur privé pour rattraper le retard en matière d’innovation, vis-à-vis des Etats-Unis notamment. C’est aussi un symbole politique : dans une période où l’Union est bousculée, elle peut brandir un succès bâti sur les vertus du collectif. « Pas un pays n’aurait pu le faire seul », pointe la commissaire à l’Industrie, Elzbieta Bienkowska. Le chemin n’a pas été simple, Galileo s’étant empêtré dans les complexes partenariats public-privé des Etats membres (lire ci-dessous).
Dotée de sa propre constellation mondiale (la quatrième après l’américaine GPS, la chinoise Beidou et la russe Glonass), l’Europe doit enfin tenir les armes pour rivaliser. Il était temps : les enjeux économiques sont colossaux à l’heure du Big Data, des objets connectés et du sécuritaire. Quelque 10 % du PIB européen dépendent déjà directement ou indirectement des systèmes de positionnement par satellites et ce taux pourrait grimper à 30 % d’ici 2030, selon le Cnes, l’agence spatiale française. « Galileo démontre l’excellence technologique de l’Europe, son savoir-faire et sa détermination à développer des services et des applications basées sur l’espace », affirme Elzbieta Bienkowska. « Les Chinois avancent vite, les Américains aussi. L’Europe devait envoyer un signal fort », note un expert bruxellois.
Très peu d’appareils compatibles
Le système européen, fort d’un positionnement au mètre près et d’une datation de quelques milliardièmes de seconde, sera bien plus précis que l’américain. « Avec le GPS, on sait où un train se trouve ; avec Galileo, on sait sur quelle voie il roule », illustre Jean-Yves Le Gall, le président du Cnes. Cette qualité optimale ne sera toutefois atteinte qu’en 2020, une fois les 30 satellites déployés. De quoi, espère alors l’Europe, marquer des points sur le terrain économique, tant les services et produits basés sur la navigation par satellite envahissent le quotidien : voitures autonomes, applications de smartphone, bâtiments intelligents, objets connectés, sécurité publique… « Entrepreneurs européens, imaginez tout ce que vous pouvez faire avec Galileo ! N’attendez pas, innovez ! », insiste d’ailleurs Maros Sefcovic, vice-président de la Commission.
Tout l’enjeu est bien de créer un écosystème florissant pour valoriser au mieux le signal émis par les satellites Galileo, mais aussi Copernicus (imagerie terrestre). Aujourd’hui, très peu d’appareils sont compatibles avec le réseau Galileo. Ce n’est le cas par exemple que de deux modèles de smartphone. Mais les producteurs de puces sont prêts, et Bruxelles mise sur de subtiles obligations réglementaires pour imposer rapidement la compatibilité dans de nombreux secteurs, télécoms et automobile en tête (lire ci-dessous). Charge aux start-up, auxquelles des fonds européens seront réservés, d’imaginer et préparer la suite.
Derek Perrotte, Les Echos
Bureau de Bruxelles
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