Fiodor Rilov : « La déconfiture de Mory Ducros a été programmée »
Fiodor Rilov a assigné DHL et Caravelle devant le tribunal de grande instance de Bobigny. L’avocat des ex Mory Ducros assure que les deux groupes avaient, dès le départ, programmé les deux faillites au frais de la collectivité.
L’Officiel des Transporteurs : Quels intérêts défendez-vous dans le cadre de l’assignation que vous avez engagée contre Caravelle ?
Fiodor Rilov : « Je défends les intérêts de près de 1 000 salariés Mory Ducros (il y a des centaines de salariés MoryGlobal qui sont en passe de les rejoindre). Ils sont rongés par la peur, le sentiment d’injustice. Tous ont cru que la possibilité existait de pérenniser leur emploi dans le cadre de l’activité qui a fait successivement faillite.
On assiste en fait à deux déconfitures gigantesques qui se sont produites à une année d’intervalle. Et à chaque fois, ceux qui ont été licenciés (ou qui vont l’être) ont eu la sensation d’avoir été roulés dans la farine. Et je pense qu’ils ont raison. C’est précisément pour réparer cette injustice qu’il y a une action déjà engagée devant le tribunal de grande instance de Bobigny. Nous allons tenter de démontrer que, dès le départ, lorsque DHL a cédé l’activité à Caravelle, le programme de la déconfiture était déjà rédigé. Nous voulons le démontrer au tribunal et faire condamner ceux qui l’ont rédigé, qui savaient que cela allait mal finir et en ont tiré un profit.
Ils savaient, dîtes-vous…
Ce que nous cherchons à démontrer au juge – c’est la clé de la catastrophe sociale – c’est que DHL s’est délesté d’un vaste plan de licenciements pour en laisser le soin à des acquéreurs, lesquels n’allaient pas contribuer eux-mêmes au financement de la restructuration, puisque celle-ci s’effectuerait dans le cadre d’une procédure de faillite, aux frais de l’Assurance garantie des salariés (l’AGS).
Nous sommes là dans le cadre d’une des plus grosses opérations de licenciement, menées en France sur les 20 dernières années, qui est prise en charge par la collectivité. En quelque sorte, ce sont les salariés eux-mêmes qui payent leur propre licenciement.
Quelles preuves pouvez-vous apporter que ces deux liquidations ont été programmées pour être financées aux frais de la collectivité ?
Je ne veux pas aujourd’hui entrer dans le détail des pièces. Je peux simplement dire que nous disposons – nous en sommes convaincus – d’un ensemble de preuves solides qui permettent d’établir que l’activité (Ndlr, celle de Ducros Express), telle qu’elle a été cédée, ne pouvait pas survivre économiquement. J’ajoute que nous sommes en possession d’éléments tout aussi solides pour tenter de démontrer aux juges, qu’en ce qui concerne l’activité Mory, on est à peu près dans le même type de scénario.
Nous demandons à DHL et à Caravelle d’assumer leurs responsabilités face à cette catastrophe sociale, de contribuer au financement de tous les licenciements, et donc au versement d’une indemnité pour compenser la perte de l’emploi. Tout cela sur fond de PSE Mory Ducros invalidé »…
L’avocat parisien Fiodor Rilov défend les intérêts d’un millier d’ex salariés de Mory Ducros. © DR
INTERVIEW 10/04/2015
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