Grève des routiers: « Si je n’y participe pas, c’est que je ne peux pas »
[TEMOIGNAGE] – Barrages filtrants, blocages d’entrepôts ou de ronds-points, opérations escargot: les routiers sont en grève lundi pour obtenir une reprise des négociations salariales. Depuis le 18 décembre, les grèves se succèdent et n’aboutissent à rien… La mobilisation des chauffeurs routiers manque-t-elle d’intensité?
Zones d’activités bloquées, opérations escargots et barrages filtrants: des routiers ont relancé lundi le mouvement de protestation sur les salaires interrompu en février, menant plus d’une vingtaine d’actions sur tout le territoire.
Les syndicats veulent pousser les organisations patronales à reprendre la négociation sur les salaires. Mais pas non plus au point de paralyser le pays! Après l’échec des négociations le 9 février dernier, les syndicats demandent toujours une augmentation de salaires entre 4 et 5%. Le patronat propose une augmentation entre 1% à 2%.
Les grèves se succèdent
L’Ile-de-France et l’ouest seront les zones les plus touchées par à la fois des opérations-escargot, mais surtout des blocages de zones d’activités et de centres de distribution. Les autoroutes A1, A22 et A21, dans le Nord-Pas-de-Calais, devraient être perturbées. Depuis le 18 décembre, les grèves se succèdent et n’aboutissent à rien… La mobilisation des chauffeurs routiers manque-t-elle d’intensité?
On se souvient des grèves de 1984 : deux mille camions bloquaient les autoroutes alpines et les rails. Cinquante-neuf départements français avaient été touchés par ce mouvement pendant dix jours. En 1996, les routiers avaient bloqué les autoroutes ainsi que les grands axes d’accès aux villes comme Paris, Lyon, Marseille. Les dépôts de carburant eux aussi étaient bloqués.
« J’ai une famille, quatre enfants… »
Mais faire la grève, cela a un coût. Et aujourd’hui, Patrick, chauffeur routier la soutient, mais il n’y participe pas.
« Ce n’est pas que je n’y participe pas, c’est que je ne peux pas, se justifie-t-il au micro de RMC. Si je fais grève, je ne suis pas payé. Et j’ai une famille, quatre enfants, une maison… »
Et Patrick n’est pas un cas isolé pour selon Nicolas Paulissen, délégué général de la Féderation nationale des transports routiers (FNTR). Pour lui, les syndicats ne représentent plus les salariés.
« Nous avons affaire à une agitation syndicale, affirme-t-il. Les syndicats ont des revendications complètement déconnectées des préoccupations des conducteurs. Leurs préoccupations aujourd’hui, c’est la pérennité de leurs emplois ».
« Notre objectif n’est pas de pénaliser les usagers »
Pour Jérôme Vérité, secrétaire général de la CGT Transports, les chauffeurs routiers restent mobilisés mais sur des opérations de blocage bien ciblées.
« Notre objectif, il est de toucher au porte-monnaie du patronat, du transport routier, déclare-t-il. Et donc, de bloquer un certain nombre de zones. Absolument pas de pénaliser les usages qui seront au travail. »
Une mobilisation des chauffeurs routiers qui, selon lui, n’a jamais faiblie. Simplement, assure-t-il, les mouvements sont moins visibles.
Écrit par C. P. avec Romain Poisot
RMC C. P. avec Romain Poisot Publié le 16/03/2015
http://rmc.bfmtv.com/