Après un nouvel échec des négociations, les syndicats ont décidé de lancer une grève reconductible ce dimanche pour réclamer une revalorisation des salaires. L’Ile-de-France et l’Ouest seront les zones les plus touchées.
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Que veulent les routiers
Tous les ans, les organisations syndicales et patronales tiennent des négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires dans le transport routier de marchandises. Depuis trois années, ces réunions ne débouchent sur aucun accord.
Résultat: les syndicats déplorent un gel des salaires dans la profession depuis 3 ans. Selon eux, désormais, «4 coefficients sur 5 de la grille salariale sont en dessous du SMIC». Le plus bas taux est à 9,43 euros de l’heure, alors que le SMIC est à 9,61 euros.
Les syndicats demandent ainsi une revalorisation des grilles salariales de 5% pour l’ensemble des salariés. Concrétement, ils voulaient une «hausse du pouvoir d’achat de 100 euros» par mois, indiquait l’intersyndicale, passant par une hausse du taux horaire «à 10 euros minimum pour les coefficients les plus bas à l’embauche, soit 5 % de revalorisation».
Les syndicats ont toutefois récemment révisé leur demandes à la baisse: ils proposent désormais un taux horaire minimum de 9,82 euros pour les salariés les moins qualifiés.
Que répondent les patrons
Lors de la dernière négociation, le patronat avait proposé d’augmenter les grilles salariales de 1% à 2% selon les coefficients. Nicolas Paulissen, délégué général de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR), explique que les entreprises de transports «sont concurrencées par des entreprises étrangères qui ont des coûts bas. Nos marges sont de l’ordre de 1 %. Un tiers des sociétés sont en situation de précarité économique».
Ainsi, «dans un contexte de transport low cost une hausse des salaires est suicidaire», explique Christine Jaouen, à la tête de la PME bretonne Atlantic Trans Containers.
Pourquoi la grève a lieu ce dimanche
Le secrétaire d’État chargé des Transports, Alain Vidalies, a reçu les organisations patronales en fin de semaine. Dans cette perspective et «dans un esprit d’ouverture», l’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC) avait revu à la baisse ses prétentions initiales, espérant que sa main tendue permettra «une réouverture des négociations dans un cadre serein et loyal», écrit-elle dans une lettre adressée à Alain Vidalies.
Mais ces derniers indiquent qu’ils n’ont pas reçu de réponse. En se mobilisant dimanche, les syndicats veulent inciter le patronat à revenir à la table des négociations.
Où en sont les négociations avec le gouvernement
Après un échec des négociations annuelles obligatoires dans le transport routier de marchandises le 9 février dernier, le gouvernement a engagé une médiation. Alain Vidalies, secrétaire d’État aux transports avait reçu les cinq syndicats contestataires (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC) en début de mois.
Cette réunion a permis de rassurer les organisations sur le délicat sujet du cabotage. «Alain Vidalies nous a affirmé que le gouvernement irait jusqu’au bout sur la totalité de l’amendement» inséré au projet de loi Macron, affirme Jérôme Vérité, représentant de la CGT. Cet amendement milite pour que les chauffeurs routiers étrangers travaillant dans l’Hexagone soient payés au Smic français.
Mais les organisations syndicales déploraient le manque d’action. «Il nous a surtout écoutés et dit qu’il ferait remonter nos doléances à Ségolène Royal. Cela ne nous suffit pas et nous renforce dans la nécessité d’une action à partir du 15 mars», regrettait récemment Jérôme Vérité représentant de la CGT.
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Mathilde Golla
Publié le 14/03/2015 à 17:02