La ville veut lutter contre les poids-lourds qui empruntent les voies qui leur sont interdites
Le sexe géant peint sur le panneau signifiant aux poids lourds de plus de 5,5 tonnes qu’ils n’ont pas le droit de traverser Gignac-la-Nerthe ne laisse planer aucun doute ! Tous les routiers, ou presque, qui empruntent cette voie depuis le rond-point des Pielettes savent pertinemment qu’ils n’ont pas à le faire.
Les campagnes de prévention sont restées vaines et les entreprises incriminées sont restées sourdes aux appels au civisme de la police. Alors, la municipalité de Gignac a décidé de passer à l’étape supérieure. Depuis le 21 janvier, elle a fait installer, au rond-point des Pielettes, deux caméras équipées de laser qui permettent désormais de traquer et verbaliser tous les camions qui transitent par cette zone. Avec des résultats étonnants. « Depuis le 21 janvier, nous avons verbalisé 457 camions », annonce, d’emblée, Dominique Albertini, le chef de la police municipale. 457, ça représente la totalité du trafic des poids lourds sur cette petite portion de route jusqu’à hier. Un chiffre considérable qui surprend même Christian Amiraty, le maire de la ville. « Lorsque nous avons eu les remontées des habitants sur le passage des camions, nous pensions que c’était un peu exagéré, avoue-t-il en préambule. Nous avons mené plusieurs campagnes de répression mais à 35€ le PV, ce n’était pas dissuasif. La mise en place de la vidéo-verbalisation assistée par ordinateur devrait permettre de changer les choses. Du moins, on l’espère. Car les camions passent sans relâche, de jour comme de nuit pour desservir les zones industrielles et artisanales dans et autour de la commune ».
Enregistrements
Concrètement, lorsqu’un camion emprunte une voie qui lui est interdite, il « coupe » un laser qui enregistre automatiquement une vidéo et photographie sa plaque d’immatriculation. Chaque jour, un agent de police municipale vérifie les bandes et constate si le camion incriminé est bien en infraction. Car un tri doit être fait entre les poids lourds autorisés (livraisons de commerces et de fuel, transports scolaires et secours) et ceux qui veulent s’épargner un détour de 5 minutes, en coupant par Gignac pour rejoindre Vitrolles, Châteauneuf ou Le Rove. Ces mêmes agents signent ensuite un PV électronique qui est adressé au centre national de traitement des infractions routières de Rennes, qui se chargera d’identifier le propriétaire du camion – ce que ne peut pas faire la police municipale – et de lui adresser le PV de 90€ correspondant. Et autant dire qu’avec la prise de vue instantanée de l’infraction, il devient difficile de contester . « Nous avons dû demander des autorisations auprès de la Direction administrative de la police nationale, de l’officier du Ministère public, de l’Agence nationale du traitement des infractions routières et de la Commission nationale informatique et liberté (Cnil), souligne Pascal Ardevol, responsable du système informatique pour la Ville et qui a travaillé de longs mois sur le projet. Nous sommes la première ville des Bouches-du-Rhône à utiliser cette vidéo-verbalisation et nous servons d’ailleurs de ville-pilote pour la pérennisation de ce projet. » Ce statut a d’ailleurs permis à la ville d’obtenir le prêt du matériel nécessaire. Désormais, Christian Amiraty espère que « les pratiques vont changer ». Et il y a urgence. Car avec le nombre de camions qui transitent illégalement de jour comme de nuit par cet axe, c’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de drame jusqu’à maintenant.
Le dispositif de vidéosurveillance comptera bientôt 51 caméras
L’installation à Gignac-la-Nerthe d’un maillage de caméras de vidéosurveillance est sans doute l’un des plus gros dossiers que doit gérer la commune. Depuis la fin de l’année dernière, la ville compte 9 caméras, implantées sur des sites stratégiques accueillant du public. D’ici quelques semaines, 42 caméras supplémentaires vont venir parfaire le réseau de surveillance. « Ce n’est pas l’arme absolue en matière de surveillance de la délinquance mais elle peut se révéler utile pour la police nationale et la police municipale, indique Christian Amiraty. Il nous fallait, avant de l’installer, redresser les finances de la ville. Il nous a également fallu travailler sur les procédures administratives qui nous permettraient d’utiliser au mieux ces dispositifs, dans le cadre des contraintes légales. Ce n’est pas un gadget dans l’air du temps, c’est le fruit d’une véritable réflexion menée sur plusieurs mois de la part de tout le conseil municipal et des techniciens dédiés. J’y étais favorable et je dois avouer que ce dispositif m’a séduit, même si je ne m’attendais pas à ce que cela demande autant de travail. Je peux heureusement compter sur du personnel dévoué et volontaire. Les polices nationale et municipales étaient demandeurs d’une telle technologie. Les Gignacais l’apprécient. Au-delà de ça, nous étions une des seules communes à ne pas être équipée. Du coup, par effet de ricochet, et comme nous l’ont expliqué les experts que nous avons consultés, la délinquance se serait rabattue sur notre ville. » La police judiciaire a, d’ailleurs, demandé à visionner les bandes enregistrées dans le cadre du règlement de comptes survenu sur la commune, dimanche.
Stéphane Rossi
http://www.laprovence.com/article/edition-vitrolles-marignane