Les routiers « amplifient » le mouvement de grogne ce mercredi, opération escargot sur l’A1

Mardi soir, l’intersyndicale de routiers qui mène une grève depuis dimanche soir, pour les salaires, avait annoncé la suspension provisoire du mouvement. Cette nuit, elle a appelé les salariés à « amplifier le mouvement » ce mercredi, dénonçant « l’irresponsabilité » du patronat qui n’est pas revenu à la table des négociations mardi soir. Une opération escargot de poids lourds est en cours sur l’A1 dans le sens Lille vers Paris. Partis de Phalempin, les routiers devraient s’arrêter à la plateforme multimodale de Dourges.

« On a essayé d’être dignes en levant les barrages, a déclaré Thierry Douine, secrétaire général de la CFTC Transports. Mais le patronat nous a répondu par un doigt d’honneur ». Les négociateurs patronaux n’ont pas répondu à la « convocation » du président de la commission paritaire des transports – un représentant du ministère du Travail – qui les appelait à reprendre mardi, à 23 heures, la négociation salariale interrompue plus tôt.

Pour Jérôme Vérité (CGT), cette politique de la chaise vide démontre « l’irresponsabilité de la partie patronale, qui n’a pas daigné répondre à la convocation de l’État ». En guise de protestation, l’intersyndicale devait passer la nuit dans les locaux de la Direction Générale du Travail, à Paris, siège des négociations. Avec un espoir : que l’État « réveille » les négociateurs patronaux et les fasse « revenir à la raison », en même temps qu’à la table des négociations, selon Thierry Douine, secrétaire général de la CFTC Transports.

Quoi qu’il arrive, l’intersyndicale appelle désormais à « amplifier le mouvement », d’après le responsable syndical.

Actions
Depuis dimanche soir, les grévistes ont multiplié les barrages filtrants sur les axes routiers et les blocages de zones d’activité. Jusqu’à présent, seuls les poids lourds étaient bloqués par les manifestants, les véhicules légers étant épargnés par les barrages.
Un mouvement social plus dur n’est cependant plus à exclure. D’autant plus si la CFDT décidait de grossir les rangs des grévistes. Le premier syndicat de la branche, qui a « claqué la porte » des négociations mardi en raison de propositions « insuffisantes », consultera ses militants de son côté, mercredi en milieu de journée.
Ils réclament 5 % d’augmentation, le patronat en concède 2
Un accord semble désormais difficile à trouver, tant l’écart est grand entre les positions des deux camps. Les syndicats sont venus mardi à la table des négociations en réclamant, en priorité, une revalorisation salariale de 5 % pour l’ensemble des salariés du transport routier de marchandises. De leur côté, les chambres patronales estimaient fournir un effort important en proposant une augmentation de 2 % pour les salaires les plus bas -les trois premiers coefficients salariaux de la convention collective- et 1 % pour les cadres et agents de maîtrise, les mieux rémunérés.

Que se passerait-il en cas de conflit prolongé ? Difficile de le savoir, le cycle des négociations annuelles obligatoires (NAO) étant a priori terminé. En l’absence d’accord entre syndicats et patronats, les minimums conventionnels restaient ceux en vigueur l’année dernière.

En 2014, un seul des quatre coefficients dans le transport routier – celui des salariés les plus qualifiés – dépassait le Smic, fixé à 9,53 euros bruts par heure. Le salaire minimum ayant été relevé à 9,61 euros au 1er janvier, la situation deviendrait encore plus préoccupante pour les salariés du transport routier. La CGT Transports ne veut pas croire à ce scénario, persuadée que le gouvernement ne l’acceptera pas. Mais même s’il s’active en coulisses pour réconcilier les deux camps, l’exécutif reste pour le moment discret. Seul un communiqué d’Alain Vidalies, envoyé mardi soir, est venu rompre son silence.

Dans ce texte, qui tenait en deux lignes, le secrétaire d’État aux Transports a indiqué « regretter l’échec des négociations » et « souhaiter une reprise des discussions entre partenaires sociaux pour parvenir à un accord salarial ».

PUBLIÉ LE 21/01/2015
http://www.lavoixdunord.fr/region/les-routiers