Tribunal : il avait tué un automobiliste sur l’A1 en se baissant pour ramasser une bouteille d’eau

Une bouteille d’eau tombe au sol de la cabine, le chauffeur routier se penche pour la déloger… Ce geste « banal », pointait jeudi l’avocat de la défense au tribunal d’Arras, a coûté la vie à un touriste belge sur l’autoroute A1 en novembre 2012, à hauteur de Fampoux. Le routier a été condamné à six mois avec sursis.

L’autoroute A1 est quasi déserte, ce matin du 6 novembre 2012. Il fait nuit noire. B.Y., un chauffeur routier tourquennois de 45 ans, vient de passer le péage de Fresnes-lès-Montauban, quand il ressent une gêne. Une bouteille d’eau, abandonnée sur le tableau de bord par un précédent occupant, s’est fait la malle près des pédales.

Le routier tente de la déloger avec son pied. Puis avec son bras droit. Mais une fois qu’il a mis la main dessus et l’a balancé dans l’habitacle, il s’aperçoit que son camion tangue. Le Tourquennois panique. « Vous étiez inexpérimenté, vous ne conduisiez ce camion de 7 tonnes que depuis la veille », note la présidente.
« Ça s’est passé tellement vite ! »

Son camion est chargé, difficile à maîtriser. Il appuie sur le frein, tente de redresser la direction… Sans succès. « Quand j’ai vu que je risquais de passer à travers la rambarde du milieu et de faire de gros dégâts, j’ai tiré le frein de parking », raconte-t-il. Sa deuxième erreur.

Le camion part en tête à queue et s’immobilise à la perpendiculaire, sur les trois voies. La scène vire au drame sur cette portion limitée à 130 km/h. Une Mercedes qui arrive derrière tente de contourner le camion par la gauche, mais c’est trop tard. Elle s’encastre sous le 7 tonnes. Tuant le conducteur, un Belge de 64 ans, sur le coup. Son meilleur ami, assis sur le siège passager, est gravement blessé au thorax.

« Ça s’est passé tellement vite ! J’ai essayé de faire au mieux pour arrêter le camion », assure le prévenu, au casier judiciaire vierge.
« Un accident stupide »

« On ne peut pas dire que Monsieur Y. est un chauffard de la route. Ce n’est pas comme ça qu’il apparaît », résume le substitut du procureur Élise Huerre, au vu du dossier. Elle requiert six mois de prison avec sursis et 500 € d’amende pour homicide et blessures involontaires. Des réquisitions « saluées » par la défense : « C’est un accident bête, stupide, mais les conséquences sont dramatiques. »

PUBLIÉ LE 10/01/2015
THOMAS BOURGOIS